Questions sur la future réforme des retraites
Un adhérent se pose des questions sur l’avenir de la réforme des retraites une fois la Covid 19 maîtrisée.
Selon le Haut-commissaire Jean-Paul Delevoye, qui avait remis ses propositions au Premier ministre le 18 juillet.2019, les concertations devaient reprendre avec les partenaires sociaux en septembre 2019. Il y a eu les contestations des gilets jaunes, puis la pandémie en 2020, et la page était tournée… provisoirement.
Bien qu’il n’occupe plus cette haute fonction, son rapport ne sera pas jeté aux oubliettes. Il y avait dedans de bonnes propositions, des résultats d’études qui ne pouvaient évidemment pas plaire à tous les intéressés, qui adhèrent à d’anciens régimes. Tout sépare les générations, que ce soit la question d’âge, les situations professionnelles, la question d‘écart de revenus, les mentalités différentes, etc. C’est pour cela que la réforme sera compliquée à appliquer, mais elle reviendra ! Ce n’est pas une loi secondaire qui accorde des avantages sociaux et sur laquelle on peut revenir l’année suivante.
Nous sommes face à un problème majeur de cotisations qui doivent financer les retraites de plusieurs générations précédentes, y compris sa retraite personnelle, ce que nos générations ont fait sans rechigner. Mais il y a 40, voire 50 ans, nous n’avions pas de chômage, c’était le plein-emploi, alors qu‘aujourd’hui nous avons des millions de chômeurs, qui doivent être indemnisés.
En ce moment, nous sommes, en gestion, à 1,5 travailleur en activité qui paie des cotisations pour assurer la retraite d’un retraité, alors qu’il y a 20 ans, nous étions à 2,5 salariés pour un retraité. Le nouveau régime doit être viable, équitable, ne pénaliser personne.
Voici certaines préconisations pour le futur régime universel :
- Un régime par points qui a été contesté par beaucoup de travailleurs et retraités ; les régimes de retraite complémentaire obligatoire fonctionnent bien en points, ils se portent très bien financièrement,
- Le nouveau régime est toujours en répartition provisionnée qui apporte une retraite à tous,
- Changement plus important, la notion de trimestres validés qui pénalisait tant de départs en retraite n’est plus dans le règlement.
- L’âge légal de départ à la retraite : 62 ans, retraite entière à 64 ans, décote de 5 % par an entre 62 et 64 ans pour l’équilibre financier du régime. Actuellement, la dernière réforme, de 2014, a porté à 43 années la durée de cotisations, ce qui oblige certains travailleurs, surtout les femmes, à travailler jusqu’à 67 ans pour ne pas avoir de décote de retraite,
- Surcote de 5 % par année travaillée au-delà de 64 ans, avec une durée de cotisation complète,
- Une majoration de points de 5 % par enfant dès le premier enfant,
- 10 euros cotisés donnent droit à un point de retraite, le nombre de points sera selon les revenus,
- Réversion toujours réservée aux couples mariés, et fixée à 70% des revenus du couple. Il est proposé que la réversion ne concerne que la dernière union. En cas d’unions précédentes, la prestation compensatoire serait calculée au moment du divorce.
Les aidants familiaux en activité auront des points attribués au titre de la solidarité; modalités à définir. Pour les retraités qui sont déjà en retraite, rien ne doit changer, il n’est pas question, dans le rapport, de diminuer les retraités, mais ceux qui partiront à la retraite dans les premières années du régime auraient cinq ans pour préparer la transition. Pour les plus jeunes, une transition douce sera nécessaire pour préparer le passage du régime actuel au régime universel.
Il est évident qu’un travailleur indépendant de 30 ans craint plus ce nouveau régime universel qu’un assuré de 57 ans, bien que nous pourrions avoir des surprises.
Le Conseil d’Orientation des Retraites (COR), collectif constitué de citoyens, d’économistes, de fonctionnaires, a calculé l’impact de la réforme sur les générations de 1960 – 1980 – 1990, pour trois profils de travailleurs : un employé au SMIC, un salarié non-cadre, une fonctionnaire de catégorie B, partant tous à la retraite à 64 ans. Ses calculs montrent dans tous les cas une baisse de pension entre 11 et 17 % pour les générations de 1980 et 1990, en comparaison avec la génération de 1960.
Pour conserver un taux de remplacement équivalent, les natifs de 1990 devraient travailler jusqu’à 67 ans, sur la base de notre organisation sociale actuelle. La question des retraites reviendra en priorité des réformes, que nous le voulions ou non.
P.G.